la stéréoscopie.

La 3ème Dimension

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A la fin des années 40, la télévision prend un essor considérable, les américains restent chez eux et les salles de cinéma ferment leur porte par millier. Le public ne se déplace que pour les grosses productions.

Il faut réagir, et vite. il faut produire du grand spectacle, donner aux spectateurs tout ce que la télé ne peut restituer, c'est-à-dire la couleur, l'écran large, le son stéréophonique multicanal, le relief etc... et durant cette folle décennie, le public va avoir droit à tout ça. On ressort les vieux brevets des tiroirs, on  invente, ou plutôt on réinvente, toute sorte de système. Un seul mot d'ordre:
                              " il faut en mettre plein la vue et plein les oreilles. "

Et on va commencer très très fort avec le  C I N E R A M A 
  • A la prise de vues, une caméra dans laquelle défilent 3 films 35 mm devant 3 objectifs. Le but est de saisir un champs de vision 3 fois plus large.
  • En salle, trois projecteurs synchronisés diffusent les trois bandes de film afin de reconstituer une seule image panoramique sur un écran géant et incurvé (160°)
  • Son stéréophonique multicanal, 6 pistes (gauche, centre, droit et  3 surround).

Septembre 1952 la première production utilisant ce procédé est présenté au public , titré tout simplement" This is cinérama " et qui est un film documentaire destiné à donner le plus de sensation possible, aussi bien  visuelles  que sonores. Cette production restera 2 ans à l'affiche, et les Français le découvre en 1955 sous le titre " Place au cinérama" (Théâtre de l'empire, à Paris).

Mais le Cinérama coûte très cher et trop complexe à mettre en oeuvre. Une autre solution, pour sauver Hollywood, se présente deux mois plus tard avec la 3D.
La photographie en relief est déjà une réalité depuis 1947, les studios lui emboîte le pas.

" Bwana devil ", Bwana le diable,  sera le premier (Novembre 1952), c'est un véritable triomphe public. Tous les studios se mettent au relief, la Warner affirme même que dorénavant tous ses films seront en 3D et qui s'imposera définitivement comme le parlant dans les années 30.
Ce film, qui peu de temps avant sa sortie s'appelait "The lions of Zulu " se déroule en Afrique où des lions mangeurs d'homme attaquent les constructeurs d'une ligne de chemin de fer.

C'est l'euphorie générale, on propose des films à tour de bras. tous les genres sont représentés, comédie musicale, comédie burlesque, comédie dramatique, western, horreur, épouvante, fantastique, science fiction. Même Walt Disney entre dans la course. Tous ces films sont le plus souvent en couleur, mais certain sont en noir et blanc, mais ils sont tous projetés en lumière polarisée.

    De 1950 à 1955, plus d'une quarantaine de films seront produit et puis après .... plus rien jusqu'en 1960.

Après la photo et le cinéma, c'est au tour des illustrés et des bandes dessinées de se mettre au relief.
La première bande dessinée 3D au monde sort le Vendredi 3 juillet 1953 (Three dimension comics') avec comme personnage principal déjà bien connu, Mighty mouse (Super souris)

C'est un succès  immédiat,  un raz de marrée qui déferle, un nouveau super héros apparaît  " Captain 3D " , de nombreux éditeurs entrent  dans la course et le genre le plus apprécié est l'horreur , l'épouvante et le fantastique.

Malheureusement, les procès à répétition concernant les brevets sur les différents procédés de mise en page utilisés par les éditeurs et les protestations des ligues de moralité très puissantes aux U S A  mettront fin à la belle aventure 3D et fin 1954 s'achève se que l'on appellera l'age d'or des anaglyphes.Contrairement aux films, les illustrés en relief ne connaîtront jamais le moindre retour.

durant cette période beaucoup se font faire, par leur opticiens, des lunettes rouge et bleu (et même polarisantes) adaptées à leur vue.

les causes de l'arrêt brutal du cinéma 3D sont multiples.

Côté technique:
Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle  est souvent approximative. Les appareils de prise de vue sont le résultat d'accouplement de matériel standard, réalisé avec plus ou moins de bonheur.
Pour réaliser "Bwana le diable" le producteur Arch Oboler fait appel à un matériel  stéréo (camera et projecteur) qui circule déjà à Hollywood. C'est le " Natural vision" . Ce système utilise deux caméras standards, couplées est synchronisées. Comme ces caméras sont énormes, il est impossible de les positionner côte à côte car la base stéréoscopique est trop grande (bien plus que les 6,5 cm en moyenne qui séparent nos deux yeux). On les a donc disposées face à face et entre les deux objectifs deux miroirs à 90° renvoient les deux axes optiques à la perpendiculaire (cela fait penser au  stéréoscope de Wheatstone,  voir page 2).
Ce monstre à deux têtes est lourd, difficile à manoeuvrer lors des tournages, de plus les très gros plans sont impossible. Alfred Hitchcock a du fabriquer un téléphone géant pour le gros plan du cadran (sur le M)  dans " Dial M for murder ", Le crime était presque parfait .
La Warner Bros achète la licence pour l'utilisation du Natural vision et réalise " Hous of wax ", L'homme au masque de cire.
La Columbia fait de même, mais la Metro Goldwyn Mayer et Universal construisent leur propre caméra Stéréo. La Paramount achète les droits d'un procédé Français datant de 1937.
Pour " Hondo, l'homme du désert " La Warner utilise un nouveau équipement fabriqué par ses techniciens, les gros plans sont désormais possible (par contre il m'est impossible de vous dire si cet équipement est dérivé ou non du Natural vision).
Par la suite la Columbia mettra, elle aussi,  au point son propre matériel en faisant comme Universal, deux caméras fixées côte à côte dont l'une est à l'envers (tête en bas). Pour celle-ci on est obligé d'inverser le sens de défilement du film.
Pour les scènes sous marine de " Créature from the black lagoon " , l'étrange créature du lac noir,  Universal a du se résoudre d'utiliser deux caméras de petite taille (matériel semi professionnel) le tout logé dans un caisson étanche.
A la prise de vue, plus la base stéréoscopique est importante, plus l'angle de convergence des deux axes optiques sera grand et cela engendre des déformations "en trapèze", c'est à dire que si l'on film une figure géométrique carré , à l'écran elle sera déformée et aura l'allure d'un trapèze (un cercle deviendra ovale etc...). et comme la déformation de l'image de gauche est inversée par rapport à celle de droite, cela rend le fusionnement difficile, provoquant des gènes visuelles.
A la projection, c'est la même chose, si les deux projecteurs sont trop éloignés l'un de l'autre, la trop grande convergence pour superposer les deux images à l'écran entraînera des déformations en trapèze ( je ne puis vous dire ici si dans le matériel Natural vision les deux projecteurs sont également face à face avec deux miroirs à 90°).
Les exploitants de salle sont mécontent, il faut investir dans un écran métallisé, le matériel de projection, il faut embaucher un deuxième projectionniste (le syndicat l'exige), il faut acheter les lunettes etc.. et de plus il vont se plaindre de la qualité médiocre des films, ce qui est tout à fait légitime.
Médiocre car il faut faire vite. Tant que le public est demandeur, il faut sortir le plus de film possible, un seul mot d'ordre: Rafler beaucoup d'argent en en dépensant le moins possible.
Certains films, commencés en 2D sont entièrement retournés en relief. Les compétences en la matière sont rares, certaines règles fondamentales de la stéréoscopie sont mal connues, d'autres le sont mais elles sont  volontairement ignorées.
Pour bien montrer que c'est en relief, l'effet de jaillissement est utilisé de façon outrancière et gratuite.
En salle, il arrive que les deux projecteurs couplés se désynchronisent, involontairement(ou volontairement), provocant de sérieux maux de tête.
Pour éviter la désynchronisation,  on a l'idée de positionner, en post-production, les deux images issues des deux appareils de prise de vue sur un seul et même film (système monobande). Les deux images du couple sont placées côte à côte ou l'une au-dessus de l'autre. Devant l'objectif du projecteur unique on place un instrument optique à prisme et/ou à miroir afin de superposer les deux images sur l'écran.
On pense même à adapter les vectogrammes au cinéma (Polaroïd en collaboration avec Technicolor) mais il est déjà trop tard et le CinémaScope catalyse tous les regards des studios. Ce procédé d'écran large est utilisé pour la première fois pour le film " The robe ",   la tunique. Cette épopée biblique sort le 16 Septembre 1953 et "casse tout " partout où il est projeté.

Le CinémaScope offre des effets "presques" aussi spectaculaires que le cinérama, image au rapport 7/3, donc presque 2 fois plus que l'image standard (4/3) , Les quatre pistes sonores magnétiques couchées sur la pellicule  du " Stéreophonic sound " enveloppent le spectateur.Et tout ceci avec une seule caméra et un seul projecteur.

Voilà pour la partie technique, pour le reste, et bien, il ne reste pas grand chose. Bon nombre de ces productions ont un niveaux de qualité très bas car s'appuyant sur des scénarii indigents. De cette aventure,  Hollywood  n'en sortira pas grandi et toute la profession  reniera ces productions (et cette période),  peut-être pour mieux les effacer de la mémoire collective.

Parmi toutes les productions 3D, quelques films sortent du lot grâce à leurs qualités artistiques et /ou techniques. Et c'est la Warner qui s'en sort le mieux avec:
  • L'homme aux masque de cire, premier film en 3D avec son stéréophonique réparti sur quatre pistes (gauche, centre, droit et surround, système Warnerphonic).  Pas mal pour un metteur en scène borgne.
  • Hondo
  • Charge at feather river, La charge de la rivière rouge.
  • Le crime était presque parfait d'Alfred Hitchcock , malheureusement, une seule ville américaine le diffusa dans sa version 3D).
Pour la MGM
  • Kiss me kate , Embrasse moi, chérie.
Pour la Columbia
  • Miss Sadie Thompson , La belle du pacifique.

Le réalisateur Jack Arnold réalisera quatre films en relief pour Universal
  • It came from outer space, Le météore de la nuit.
  • L'étrange créature du lac noir , premier film projeté avec un seul projecteur (système mono bande).
  • The glass web, Le crime de la semaine.
  • et Revenge of the Créature.

          Ce film est la seule production 3D de 1955 et sera la dernière avant longtemps.



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Générique du film " l'homme au masque de cire"

Depuis 1955...


Comme il est dit plus haut, il ne se passe rien de 1955 à 1960

En  1960  au cinéma, le relief tente une nouvelle percée avec "September storm" film double bande et en cinémascope.
1961 sort un film érotique "Adam and six Eves ", l'érotisme en relief deviens un genre très prisé.

61/62 la Warner sort un thriller "The mask" (les yeux de l'enfer) ce film comporte 3 séquences anaglyphes

1962 deux productions dont une réalisée par le jeune Francis Ford Coppola " Bellboy and the playgirls". Les 17 premières minutes sont proposées aux exploitants sous forme anaglyphe ou polarisant.

1968 le film X "The stewardesses" fait un tabac, c'est même le plus gros succès commercial de tous les films en relief. Cette production lance une nouvelle vague de film en 3D.

On cherche ,à nouveau,  à raffler le plus d'argent possible en affligeant au public les pires nullitées.

En 1971, on ressort " L'homme au masque de cire" sur une copie monobande 70 mm technicolor, c'est un gros succès commercial.

Grand succès également pour "Flesh for Frankenstein" d'Andy Warhol ( 1974)

Le reste de la décennie sera dominée par de nombreuse productions  à caractère pornographique

    De 1960 à 1980, on compte une quarantaine de film  tridimensionnel



    Les années 80

              Le grand retour du relief

 
Au début des  années 50, la télévision fait vaciller toute l'industrie cinématographique Américaine. 30 ans plus tard, c'est au tour de la télévision de trembler avec l'arrivée de la vidéo à domicile.
Il faut réagir et on sort l'arme suprême: le relief.

En Décembre 1980 une station de télévision par câble de Los Angeles diffuse deux films en relief des années 50 grâce à un nouveau procédé de transfert anaglyphe adapté à la diffusion télévisée.
Devant le succès, d'autres stations proposent des films en relief et au mois de mai 1982, une bonne quarantaine de stations  au USA proposent des programmes en relief, essentiellement les classiques des années 50.

En Allemagne quelques émissions en direct sont proposées en relief.

En France nous avons eu la programmation de " L'étrange créature du lac noir, 1954 " le Mardi 19 Octobre 1982 à l'émission de Gérard Jourd'hui, la dernière séance et présenté par Eddy Michell.

La même année, " l'homme au masque de cire" et " le crime était presque parfait" sont de nouveau distribués à travers tous les états unis. En France ces deux reprises ont lieu au cinéma Action Christine à Paris.

La vidéo est un véritable phénomène social, tout le monde veut son magnétoscope. L'industrie du cinéma se  sent menacer et emboîte le pas de la télévision .
Le succès de " Comin'at ya " (western) 1981 et de " Parasite " (1982) incite les majors compagnie à  jouer de nouveau la carte du relief.

Un nouveau système de prise de vue monobande vraiment fiable est utilisé (Arrivision  3D).
Un bi-objectif spécial placé sur une caméra permet d'enregistrer sur la pellicule argentique les deux images du couple (l'une au-dessus de l'autre). À la projection ce même objectif superpose les deux vues à l'écran.

En 1982 sort " Friday the 13 th part III in 3D " (Meurtre en trois dimension), troisième volet de la serie des vendredi 13
vont suivre
1982
  • " le trésor des quatre couronnes "
  •   " Rottweiler, les chiens  de l'enfer"

1983
  •   " Le guerrier de l'espace "
  •   " La tempête d'acier "
  •   " Amityville III 3D " , inédit en France jusqu'en Janvier 1987 où il sortit en version plate.
  •   " Jaws 3D " ( les dents de la mer III en relief), sans doute le film qui à rencontré le plus de succès

1984
  •   " Emmanuelle IV "  ( édité sur K7 vidéo VHS anaglyphe)

  
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A Valenciennes, au cinéma le Colisée, seulement trois films furent projetés, Friday the 13 th part III in 3D, Jaws 3D et Emmanuelle 4.
 
Je me souviens qu'à l'époque le prix de la séance était majoré de 2 francs ( 0,30 €) pour les lunettes polarisantes (monture en carton, filtre en gélatine souple)
  
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Et puis après plus rien,  et de nouveau le film en 3D replonge dans une période de sommeil. Mais le relief ne disparaît pas complètement, il reste présent  dans divers  domaines.

Dans les années 80,  un nombre incalculable de revue et de magazine propose des images en relief accompagnées parfois d'un condensé de  " la  fantastique histoire du relief "
Métal hurlant, Paris match, Lui, Science et vie, Soft et micro, Game mag,  etc..

En 82, au USA et en 83 en Europe, un appareil photo 35 mm à réseau lenticulaire fait son apparition. cette fois on croit que c'est parti pour durer indéfiniment, enfin un système grand public sans lunette. Le NIMSLO 3D est présenté comme le "Realist"  des années 80.  Malheureusement l'appareil  ne rencontrera pas l'énorme succès escompté par ses concepteurs, disons qu'il connaîtra un " certain succès"  ( j'ai acheté le mien chez AUCHAN).

 
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Les parcs d'attraction qui proposent des films en relief sont légion . A Disneyland, "Captain EO", joué par Michael Jackson, fait un malheur.

Mai 85, ouverture de la Géode où on peut voir des films Omnimax 3D.

La même année, démonstration de deux procédés de télévision 3D dont un à vision direct (sans lunette) et cela lors de l'exposition scientifique  et technique de Tsukuba au  Japon.

JVC et TOSHIBA commercialisent des camescopes 3D (séquentiel). Au japon , un nouveau format de disque vidéo est lancé.
En France aussi des systèmes complet sont commercialisés (Laser disque et cassette vidéo, surtout des films X).

Fin 85,sort le premier jeux de stratégie en relief anaglyphe (disquette et cassette AMSTRAD).
Des simulateurs de conduite (3DDrive) font leur apparition dans divers salles de jeux à travers le monde ( séquentiel).

La démocratisation des rayons laser relance les recherches sur les hologrammes, tant chez les professionnels que chez les amateurs.
Les premiers dessins en image de synthèse prennent forme sur les ordinateurs et certain vont les faire jaillir de l'écran grâce au relief anaglyphe.

Aux états- unis, Coca Cola diffuse des pubs à la télévision selon le procédé PULFRICH (voir page suivante).

Fin 89 les Russes sortent  un ensemble complet ( appareil photos et projecteur) "le FED stéréo" très prisé par les stéréoscopies du monde entier.
Le NIMSLO connaît même un successeur (moins bon)  le  Nishika N8000

Par la suite viendront des appareils pour réseau lenticulaire, plus simple , à trois objectifs seulement et même des appareils jetables, également à trois objectifs.



 

                                     

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